2.08.2015

- Chapitre 2 - Un véritable cauchemar

Je me dirige vers la fenêtre pour l'ouvrir...

         Mais, cher journal, à ce moment précis, je ne vois rien à cause de l'obscurité. Je me retourne pour en informer Stella mais elle a disparu, ainsi que le corps de Daniel. Paniqué, je me retourne une seconde fois vers la fenêtre et j'aperçois Stella et Alissa qui portent une masse informe. C'est sûrement le corps de Daniel! Je me décide alors à les poursuivre en sortant de la pièce précipitamment. Mais je descends les escaliers à une telle vitesse que j'en perds l'équilibre et tombe! Sonné, je pense que j'ai perdu connaissance.
         En tout cas, à mon réveil, je me retrouve dans une pièce obscure et lugubre. D'un trou de serrure s'échappe de la lumière. Curieux, je m'approche de celui-ci pour observer ce qui se passe de l'autre côté. J'aperçois une dizaine de corps pendus les uns à côté des autres. Ils sont tous vêtus de noir, le visage caché, placés en cercle. Je ne sais pas s'il s'agit d'hommes ou de femmes: ils me semblent tous identiques. Tout mon corps tremble et ma respiration s'intensifie rien qu'à l'idée de ce qui va m'arriver. Je reste terrifié et immobile. D'un seul coup, apparaît dans le trou de la serrure un petit oeil rouge qui me fixe. La porte s'ouvre en grinçant. Elle me renverse; je m'écroule de peur sur le sol de béton. Une petite fille se dresse devant moi. Elle est blonde avec de jolies anglaises. Elle semble fragile: avec sa robe ancienne, elle ressemble à une poupée de porcelaine. Des larmes de sang coulent sur son visage d'ange.  "Viens, me dit-elle doucement. Je vais te mener à Daniel."
         J'ai vraiment voulu la suivre. Elle a frôlé ma main, j'en suis sûr, mais elle est partie trop vite. Et l'obscurité m'a empêché de la retrouver. J'ai essayé pourtant mais je n'y voyais plus rien.


         Cher journal, je suis en train de réaliser que nous sommes venus pour cette conférence à douze... Que je suis seul à présent, dans le noir, que Daniel s'est probablement fait enlever par deux inconnues et que j'ai compté dix corps pendus! Si j'additionne: un plus un plus dix, ça fait... Douze! Mes camarades?! Oh, mon Dieu! C'est sûr, ce que j'ai pris pour du thé tout à l'heure n'en était pas: j'ai été drogué. C'est un cauchemar! Je dois me ressaisir. Le seul endroit que je connaisse ici, c'est la chambre où je loge avec Daniel. Je m'y précipite instinctivement et la retrouve facilement. Les affaires de Daniel sont toujours parsemées partout dans la chambre mais, au moins, je les reconnais. Depuis combien de temps n'ai-je pas dormi? Je m'assieds sur le lit. Tout m'échappe; même la peur disparaît; je ne réussis plus à garder mes yeux ouverts...

         Ce sont les rayons du soleil qui m'ont réveillé dans la chambre d'internat. Mais, en tendant l'oreille, il me semble aussi entendre la voix de Daniel au loin, avec la musique des bols du petit-déjeuner qui s'entrechoquent. Je n'ose pas y croire mais j'ai dû faire un cauchemar. J'ouvre les yeux prudemment: la chambre n'est pas dans le même désordre qu'hier soir. Je me pince pour vérifier que je suis bien réveillé, me redresse et respire enfin. C'est forcément un cauchemar: Alissa, Daniel enlevé, Stella, les corps et la petite fille blonde... Evidemment, ce n'est pas possible. Ca n'existe pas. Je sens le sourire revenir sur mes lèvres et décide de descendre au son des voix. Je retrouve tous mes camarades assis en train de manger leur pain grillé, beurré et trempé dans un chocolat chaud.

         Notre accompagnateur s'étonne de me voir arriver seul. Il manque visiblement quelqu'un à l'appel. Mais je ne m'inquiète plus de rien tant je suis heureux de revoir Daniel. Pourtant, en sortant de la douche, je trouve mon ami, l'air choqué, penché: il est en train de lire mon journal. Quand il relève la tête, son sourire a disparu. Il me raconte alors que lui aussi a fait des cauchemars cette nuit; qu'il a cru s'être fait enlever par deux inconnues. Et qu'il a bel et bien perdu sa montre et son porte-monnaie. L'insouciance disparaît de nouveau.