Chapitre 1
Première
soirée
Crépuscule et ennui, des visages fatigués, un long voyage
et des conversations qui ne s’arrêtent pas. Daniel essaie sans succès
d’éveiller mon intérêt par des remarques sur l’aspect étrange des hommes qui
dorment. La fatigue qui m’envahit et le bruit écrasant des rails sur lesquels
s’élance notre train m’inquiètent. Les odeurs qui s’entremêlent et les visages
des gens tellement différents amplifient mon inquiétude. J’attends avec
impatience notre arrivée pour pouvoir m’allonger dans mon lit qui est sûrement
prêt et qui m’attend.
J’espérais
que les organisateurs de la conférence nous offrent des chambres confortables
dans un hôtel de quatre étoiles, par contre ils nous ont logé dans l’internat
d’un lycée. Je rêve encore de rencontrer des lycéens de mon âge pour me faire
des amis. Pour le moment je suis bien heureux d’avoir pris un taxi dans lequel
fonctionne le chauffage tenant compte du fait que j’ai eu tellement froid dans
le train. La chaleur s’en prend à moi, je m’allonge et je commence à
sommeiller. Plusieurs sentiments m’envahissent. D’une part, je suis vraiment
content d’avoir été invité à cette conférence dans une belle ville pleine de
lumières qui va être découverte demain après les travaux de la conférence,
d’autre part, l’épuisement et la fatigue diminuent considérablement le plaisir et
le contentement d’être ici. J’entends à peine la voix du jeune chauffeur qui
avec son air intrigué essaie d’apprendre plusieurs choses sur le voyage que
nous allons faire. Je crois que les chauffeurs de taxi sont des ressources
inépuisables d’informations : dès
derniers cancans fantasmagoriques jusqu’aux résumés des œuvres
psychologiques ou philosophiques. Depuis la Gare du Centre ville jusqu'à
l’internat où on devait être logés nous avons appris toute l’histoire de la vie
agitée du chauffeur ainsi que le bizarre historique de l’internat. A 20h30 nous
sommes arrivés devant l’internat du lycée…
Cher
journal, on est resté seuls… Daniel est descendu voir le responsable de
l’hébergement pour demander où se trouve le supermarché. En ce qui concerne le
logement, je m’attendais à trouver une chambre où il y avait plein de garçons
qui jouent de la guitare, en criant et
en inspectant les autres chambres pour faire connaissance avec les filles qui
devaient être logées avec nous. Rien de tout ça …J’ai trouvé un bâtiment vide
et froid. Ma soirée était complètement ratée. Je me sentais épuisé, enrhumé et
embêté et je ne savais pas quoi faire dans un foyer qui ressemblait plutôt à un
bâtiment détruit par la guerre et où le parquet seulement me rappelait les
temps modernes. On avait de l’eau chaude
et c’était tellement bien parce que je pouvais me doucher et préparer ensuite
mon sacre rituel du sommeil.
J’étais sur
le point de me coucher quand la demoiselle de la chambre voisine qui s’appela
Alissa m’a invité boire une tasse de thé. Et parce que Daniel n’était pas
encore rentré et je ne savais pas où le chercher, j’ai accepté l’invitation de
ma voisine. On a beaucoup discuté de la sorte que j’ai oublié de boire mon thé,
le prétexte pour lequel j’ai été invité. En compagnie de cette jeune fille j’ai
retrouvé le plaisir et la joie des discussions diverses et variées. Peu à peu
je me suis rendu compte qu’il faisait de plus en plus chaud, c’est pourquoi
j’ai commencé à me enlever mes vêtements. Abasourdi par le sommeil qui me
chantait déjà des berceuses et par le rhume qui m’étourdissait, j’ai décidé de
boire enfin mon thé pour me réveiller. Mais le thé avait un goût amer de
« je ne sais pas quelles plantes » fait qui aggravait davantage mon
« état d’ivresse éveillée ». Je crois que je suis resté presque une
heure cloué sur le petit escabeau et c’était lui qui me donnait la seule
impression de réalité par la solidité du bois. D’un coup j’ai ressenti des
vertiges et je ne pouvais plus tenir mes yeux ouverts.
Lorsque j’ai
décidé de me remettre debout j’ai compris que je devais me rasseoir pour me
concentrer et pour essayer de répéter le
geste. Et quand j’ai essayé de nouveau, je suis tombé et j’ai atterri directement
sur le plancher. Lorsque j’ai voulu me redresser, j’ai ressenti une douleur
aigue au dos. Alors j’ai compris que j’avais été jeté par quelqu’un sur le sol
du hall dans la plus grande hâte. Au début j’ai pensé qu’on m’avait joué un
tour mais lorsque je suis rentré chez moi et j’ai vu mes affaires parsemées
partout dans la chambre j’ai eu peur. L’idée de ne pas avoir vu Daniel depuis
quatre heures m’effrayait davantage. J’ai essayé de l’appeler plusieurs fois
mais il ne me répondait pas. Ultérieurement j’ai découvert son portable parmi
les vêtements de la chambre. Trop de soupçons, de craintes et de confusions …
je ne pouvais pas penser clairement. Certainement je ne suis pas un courageux
mais je veux comprendre ce qui s’est passé. Qui est Alissa, si elle s’appelle
comme ça …, et pourquoi elle a disparu avec ma montre et mon
porte-monnaie ? Je me suis réveillé par terre, mon ami Daniel n’est pas
rentré et en plus il a oublié son portable dans la chambre et je ne peux pas
communiquer avec lui. Je suis seul dans un immense internat où tout le monde
avait disparu sans aucune trace …
Je décide d’en aller à la recherche mon ami, j’arrive sur
le hall de l’étage suivant et j’aperçois une silhouette qui court d’une chambre
à l’autre. Je pense rentrer chez moi mais un bruit aigu et effrayant me fait
entrer dans la première chambre ouverte. Je me cache derrière la porte et
j’attends tout épouvanté la suite de cette histoire … Soudain mon portable
commence à vibrer pour m’annoncer que la batterie se décharge et à ce moment-là
j’entends une voix qui me dit « Ssss ! ». Je me rends vite compte que l’obscurité de la
chambre cache une personne inconnue et pour me protéger je lui dis :
« Ne te rapproche pas si tu veux rester en vie ! » J’entends le bruit de ses pas et je me
prépare instinctivement à le frapper … Il se déplace tellement vite que je ne
réussis pas à me redresser. Je sursaute à la vue d’un visage féminin éclairé
par un briquet. Ce n’est pas son corps qui me fait peur mais surtout son visage
hideux qui ressemble à un fantôme. Elle me dit que son nom est Stella et que
c’était une des filles qui étaient
restées dans le foyer pour ce week-end. Elle m’avait vu allongé par terre il y
a une heure et c’est pour cela qu’elle s’est cachée dans cette chambre où elle
est restée jusqu'à présent.
Soudain on
a entendu des coups frappés à la porte et on a décidé de monter l’escalier de
secours pour entrer dans une autre chambre du foyer. On a été totalement choqué
quand on a découvert dans cette autre chambre le corps de Daniel allongé par
terre. Malheureusement je n’ai pas pu l’aider parce qu’on a entendu de nouveau
un gros coup frappé à la fenêtre. L’idée
d’être suivi par quelqu’un qui me voulait du mal accablait peu à peu mes
pensées en intensifiant mon pouls jusqu'à des battements irréguliers qui
secouaient violemment mon corps et qui me faisaient perdre la raison. Je devais
ouvrir la fenêtre pour résoudre l’épouvantable mystère de cet internat une fois pour tout. Je devais comprendre ce qui s’est passé avec
moi et avec Daniel, je devais savoir où et comment a disparu Alissa, je devais
apprendre qui est cette fille qui est avec moi maintenant… Je me dirige vers
la fenêtre pour l’ouvrir….